« mythes en abîmes » / décembre 2013

Prochaine Exposition à la Commanderie des Templiers

Depuis le mois de mars dernier, Gilles Guias prépare une exposition de grands formats dont le thèmes est « Mythes en abîmes ».
Cette exposition se déroulera à partir du 11 décembre 2013 à La Commanderie des Templiers (Élancourt/Saint-Quentin-en-Yvelines).

12 oeuvres élaborées à partir de grands mythes antiques, modernes ou contemporains installées autour d’oeuvres de la collection Cynorrhodon FALDAC.

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Louis Doucet nous donne quelques explications sur le projet :

Qu’est-ce qu’un mythe ? Barthes apporte sa réponse : « le mythe est une parole […] le mythe est un système de communication, c’est un message. » Un mythe est un récit explicatif, fondateur d’une pratique sociale. L’image, l’iconographie, contribuent à sa survie et à sa propagation. Issu d’une tradition essentiellement orale, il tente d’expliquer et de rationaliser les aspects fondamentaux de la culture qui l’a adopté. Cette rationalisation peut passer par le recours à des personnages fabuleux et à des faits surnaturels, supputer l’existence d’autres mondes… Les mythes diffèrent d’une culture à l’autre, mais certains archétypes se retrouvent dans des mythes développés dans des contextes qui peuvent être très éloignés dans le temps et dans l’espace. Les mythes traitent de questions que se posent les sociétés qui les véhiculent. Ils sont fortement imbriqués avec leur structure religieuse, leur organisation sociale, leur cosmogonie. Les mythes constituent, en quelque sorte, un miroir sublimant les réalités d’une société.

Les mythes ne sont pas nécessairement anciens. Certains récits modernes en ont toutes les caractéristiques. Georges Sorel en a analysé l’émergence, notamment dans les événements de la Révolution française et dans les grèves ouvrières de la fin du XIXe siècle. Pendant le XXe siècle, le mythe de la Nation a nourri les propagandes fascistes. Plus près de nous, certains mythes justifient des manipulations àcaractère plus commercial.

Notre propos ici est un peu différent. Nous avons commencé par choisir douze mythes – ou familles de mythes – antiques, modernes ou contemporains. Dans une deuxième phase, nous avons sélectionné, principalement parmi les œuvres de la collection Cynorrhodon – FALDAC, des œuvres d’artistes contemporains illustrant ou réinterprétant ces mythes. Nous avons ensuite, dans une troisième étape, demandéà Gilles Guias, peintre et plasticien né en 1965, de nous livrer sa propre interprétation du mythe et de la lecture qu’en ont fait ses confrères.

Le processus est donc celui d’une mise en abîme àplusieurs étages. Le mythe est le miroir d’une culture ou d’une société. Des documents, écrits ou plastiques, archéologiques ou récents, nous en donnent une figuration ou une interprétation. Les artistes contemporains que nous avons choisis nous livrent, àleur tour, leur relecture de ces documents. Enfin Gilles Guias intervient et réinterprète cet ensemble dans un système que nous avons voulu normatif : même format, même technique, même temporalité de création et de présentation, car les œuvres ont été spécialement conçues pour ce projet.

Notre proposition met donc en scène cinq familles d’acteurs : les sociétés, les mythes qui les reflètent, les documents qui en témoignent, les artistes contemporains qui les relisent et Gilles Guias qui les réinterprète. Mais cette mise en abîme autorise aussi de nombreux courts-circuits. Ainsi, Gilles Guias peut s’appuyer sur les œuvres picturales de ses contemporains, mais aussi aller directement aux documents, au mythe ou à la société qui l’a fait naître. De même, les artistes contemporains relisent le mythe àtravers des documents, mais ils peuvent aussi attaquer directement le mythe, voire la société dont il est issu. Ce sont ces multiples niveaux d’accès à une réalité sociétale qui donnent de la saveur à l’exercice et l’empêchent de sombrer dans une pratique qui pourrait vite devenir stérile. Le graphique ci-dessous résume les différents types d’interactions qui se nouent au sein de ce projet.

Pour être complet, ce schéma devrait intégrer le spectateur, à qui est aussi laissé le choix d’aborder la société concernée par les visions qu’en donnent Gilles Guias, les artistes contem­porains, ses documents ou ses mythes. Il a aussi la liberté de laisser libre cours à son imagination.

Il est donc, ici, question de polysémie, de cette caractéristique essentielle de l’art, et plus singulièrement de celui de notre temps, qui en fait une arme de destruction massive des dictatures de la pensée unique, un rempart contre l’uniformisation et le conditionnement de la part la plus précieuse de notre humanité.