Le mythe de la caverne par Gilles Guias

C’est donc à partir du 11 décembre 2013, que Gilles Guias exposera une série de douze grands formats  à La Commanderie des Templiers (Élancourt/Saint-Quentin-en-Yvelines).


Le mythe de la caverne

L’un des sujets abordés est le mythe de la caverne :

Le mythe de la caverne, développé par Platon dans La République, illustre le déni de réalité de l’Homme. Enfermé dans une caverne, il ne croit qu’aux ombres d’une réalité qu’il nie. Certains analystes ont fait de ce mythe un précurseur du cinéma, autre source d’innombrables mythes.

« La lumière de la connaissance et du savoir vient de la droite. L’Homme lui tourne le dos, face  à  la  paroi  de  la  caverne, fait  de ses mains  des œillères  pour  ne  voir,  sur  le mur,  que  l’ombre des réalités »
Gilles Guias

> Toutes les infos sur l’exposition « Mythes en abîmes »

« mythes en abîmes » / décembre 2013

Prochaine Exposition à la Commanderie des Templiers

Depuis le mois de mars dernier, Gilles Guias prépare une exposition de grands formats dont le thèmes est « Mythes en abîmes ».
Cette exposition se déroulera à partir du 11 décembre 2013 à La Commanderie des Templiers (Élancourt/Saint-Quentin-en-Yvelines).

12 oeuvres élaborées à partir de grands mythes antiques, modernes ou contemporains installées autour d’oeuvres de la collection Cynorrhodon FALDAC.

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Louis Doucet nous donne quelques explications sur le projet :

Qu’est-ce qu’un mythe ? Barthes apporte sa réponse : « le mythe est une parole […] le mythe est un système de communication, c’est un message. » Un mythe est un récit explicatif, fondateur d’une pratique sociale. L’image, l’iconographie, contribuent à sa survie et à sa propagation. Issu d’une tradition essentiellement orale, il tente d’expliquer et de rationaliser les aspects fondamentaux de la culture qui l’a adopté. Cette rationalisation peut passer par le recours à des personnages fabuleux et à des faits surnaturels, supputer l’existence d’autres mondes… Les mythes diffèrent d’une culture à l’autre, mais certains archétypes se retrouvent dans des mythes développés dans des contextes qui peuvent être très éloignés dans le temps et dans l’espace. Les mythes traitent de questions que se posent les sociétés qui les véhiculent. Ils sont fortement imbriqués avec leur structure religieuse, leur organisation sociale, leur cosmogonie. Les mythes constituent, en quelque sorte, un miroir sublimant les réalités d’une société.

Les mythes ne sont pas nécessairement anciens. Certains récits modernes en ont toutes les caractéristiques. Georges Sorel en a analysé l’émergence, notamment dans les événements de la Révolution française et dans les grèves ouvrières de la fin du XIXe siècle. Pendant le XXe siècle, le mythe de la Nation a nourri les propagandes fascistes. Plus près de nous, certains mythes justifient des manipulations àcaractère plus commercial.

Notre propos ici est un peu différent. Nous avons commencé par choisir douze mythes – ou familles de mythes – antiques, modernes ou contemporains. Dans une deuxième phase, nous avons sélectionné, principalement parmi les œuvres de la collection Cynorrhodon – FALDAC, des œuvres d’artistes contemporains illustrant ou réinterprétant ces mythes. Nous avons ensuite, dans une troisième étape, demandéà Gilles Guias, peintre et plasticien né en 1965, de nous livrer sa propre interprétation du mythe et de la lecture qu’en ont fait ses confrères.

Le processus est donc celui d’une mise en abîme àplusieurs étages. Le mythe est le miroir d’une culture ou d’une société. Des documents, écrits ou plastiques, archéologiques ou récents, nous en donnent une figuration ou une interprétation. Les artistes contemporains que nous avons choisis nous livrent, àleur tour, leur relecture de ces documents. Enfin Gilles Guias intervient et réinterprète cet ensemble dans un système que nous avons voulu normatif : même format, même technique, même temporalité de création et de présentation, car les œuvres ont été spécialement conçues pour ce projet.

Notre proposition met donc en scène cinq familles d’acteurs : les sociétés, les mythes qui les reflètent, les documents qui en témoignent, les artistes contemporains qui les relisent et Gilles Guias qui les réinterprète. Mais cette mise en abîme autorise aussi de nombreux courts-circuits. Ainsi, Gilles Guias peut s’appuyer sur les œuvres picturales de ses contemporains, mais aussi aller directement aux documents, au mythe ou à la société qui l’a fait naître. De même, les artistes contemporains relisent le mythe àtravers des documents, mais ils peuvent aussi attaquer directement le mythe, voire la société dont il est issu. Ce sont ces multiples niveaux d’accès à une réalité sociétale qui donnent de la saveur à l’exercice et l’empêchent de sombrer dans une pratique qui pourrait vite devenir stérile. Le graphique ci-dessous résume les différents types d’interactions qui se nouent au sein de ce projet.

Pour être complet, ce schéma devrait intégrer le spectateur, à qui est aussi laissé le choix d’aborder la société concernée par les visions qu’en donnent Gilles Guias, les artistes contem­porains, ses documents ou ses mythes. Il a aussi la liberté de laisser libre cours à son imagination.

Il est donc, ici, question de polysémie, de cette caractéristique essentielle de l’art, et plus singulièrement de celui de notre temps, qui en fait une arme de destruction massive des dictatures de la pensée unique, un rempart contre l’uniformisation et le conditionnement de la part la plus précieuse de notre humanité.

La précarité des artistes Français en 2013

Par Louis Doucet

[…]

Les artistes – la précarité au quotidien

Même si le mythe de l’artiste maudit, plongé dans la misère noire, a vécu, il n’en reste pas moins que la situation de la quasi-totalité des artistes plasticiens est précaire, voire très précaire. Un des grands artistes français, dont les œuvres sont présentes dans la plupart des grands musées d’art contemporain en France et à l’étranger, me déclarait récemment que, s’il n’avait pas eu son poste d’enseignant à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts, il aurait probablement cessé de peindre. On imagine alors ce que peut être la situation d’artistes n’ayant pas de galerie, montrant peu ou pas leur travail et ne faisant l’objet d’aucune couverture médiatique.

Oeuvre sur papier de Gilles Guias

Contrairement aux artistes des spectacles vivants, les plasticiens ne bénéficient d’aucun régime d’intermittence. Ils ne le souhaitent pas, d’ailleurs. La plupart d’entre eux exercent donc une autre profession pour assurer leur subsistance et pour bénéficier d’une couverture sociale. L’enseignement en attire beaucoup, mais certains pratiquent d’autres métiers plus ou moins éloignés de leur pratique artistique : peintre en bâtiment, gardien de musée, vigile, standardiste de nuit, concepteur de site Internet, photographe de mode, cuisinier, vendeur en magasin, conseiller en communication ou en stratégie, élu local ou régional, ingénieur de recherche, facteur… L’équilibre entre le travail rémunérateur et la création est souvent, pour eux, très difficile, le gagne-pain finissant par prendre tellement de temps et d’énergie qu’il étouffe la production artistique. Certains essaient de vivre du RSA, en l’attente de jours meilleurs. Ceux qui n’ont pas d’activité parallèle sont trop souvent amenés à déclarer un montant de ventes supérieur à la réalité pour atteindre le plancher ouvrant droit à une couverture sociale.

Pour travailler, il faut un atelier. Dans les métropoles, les loyers sont exorbitants. Les ateliers gérés par la collectivité, trop peu nombreux, sont attribués par des processus opaques selon des critères qui restent aussi peu documentés qu’imprévisibles. On constate aussi que certains de ces ateliers sont, faute de baux mal rédigés, occupés par des ayants-droit d’artistes décédés n’ayant aucune pratique artistique. On constate donc un exode des artistes vers la province, l’ouest et la région nantaise présentant, pour beaucoup d’entre eux, un attrait irrésistible. Ceci a pour contre-partie l’éloignement de Paris où, qu’on le veuille ou non, les carrières artistiques se font encore.

Quand l’existence est assurée, il reste à montrer son travail. Ce point est devenu la préoccupation majeure des artistes, jeunes ou aînés. Les galeries saturent et ont tendance à resserrer le nombre d’artistes qu’elles exposent. Quand on sait que des créateurs contemporains essentiels n’ont pas ou plus de galerie à Paris, on imagine combien la chose doit être difficile pour des artistes à la réputation moins établie ou produisant des travaux plus difficilement vendables. Certains ont décidé de promouvoir eux-mêmes leur production, parfois via le canal Internet, mais cette activité, pour laquelle ils sont peu préparés et mal formés, se fait toujours au détriment de leur activité artistique.

Plus dur, encore, le manque de réceptivité de nos contemporains aux arts plastiques. Contrairement à la musique, par exemple, où un quidam reconnaîtra facilement son incapacité à juger d’une composition musicale, les arts plastiques appellent des jugements à l’emporte-pièce, d’autant plus catégoriques que le spectateur est incompétent en la matière. Les « mon enfant de trois ans en ferait autant » et « ça représente quoi ? » sont encore monnaie courante, et pas toujours chez les gens les moins instruits. Qui fera comprendre à ces personnes obtuses que l’art est un langage, qu’il s’apprend et que les bonnes questions à poser, à se poser, sont plutôt : « qu’est-ce que l’artiste a voulu exprimer ? », « qu’est-ce que cette œuvre dit ? » ou « qu’est-ce que je ressens devant cette œuvre ? »

Mais, en cette matière, médias, institutions et enseignement conspirent activement à la déculturation des Français, jeunes et vieux, pour les faire entrer dans leur modèle de pensée unique.

Institutions, enseignement, médias – la machine à décérébrer

L’Institution se trompe depuis plus de trois siècles. Elle a toujours ignoré ou méprisé les créateurs de son temps, jugés trop novateurs et dangereux pour l’ordre public. De Chardin# aux surréalistes, en passant par les impressionnistes, les fauves, les cubistes, les abstraits…, l’Institution a raté tous ses rendez-vous avec l’Histoire, privilégiant des artistes médiocres depuis longtemps oubliés au détriment de ceux qui ont fait leur époque. Même si le nouvel académisme est devenu un anti-académisme, on peut affirmer, sans grand risque de se tromper, que le malentendu perdure, que les artistes mis en avant aujourd’hui par les tenants de l’art officiel sont les Couture, les Bouguereau, les Meissonier ou les Cabanel de demain.

Sans vouloir juger de la qualité du travail de Jean-Marc Bustamante, comment légitimer sa sur-représentation dans les collections publiques ? Comment justifier la vacuité# de la plupart des travaux des lauréats – aussi vite oubliés qu’idolâtrés, d’ailleurs – du Prix Marcel Duchamp ? Comment expliquer l’étrange similitude de la plupart des collections des FRAC ? La réponse est simple. Terrorisés par l’idée d’être jugés par la postérité à l’aune de leurs anciens, les décideurs adoptent un comportement grégaire, à la mode des moutons de Panurge#, pensant se dédouaner individuellement en rejetant la responsabilité sur le groupe, sur la collectivité : « c’est pas moi, c’est les autres. »…

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Deux « Fax » des années 90 à Drouot

Samedi 26 janvier 2013 à 15h, aura lieu une nouvelle vente d’Art Contemporain à Drouot Richelieu (Salle 4).
Parmi des centaines d’oeuvres, deux « Fax » de 1990 y seront présentés.

Toute la période des « Fax » a été réalisée dans mon atelier de la rue de la clé, dans le 5eme arrondissement de Paris. Période de grande recherche et de fougue picturale.
C’est à travers cette série « Fax » et « Big Fax » qu’une silhouette a pointé son nez, silhouette sur laquelle je continue de travailler, vingt ans plus tard.

Des Photos de Philippe Bonan figurent aussi dans la liste de cette vente.
En 1990-91, Philippe a réalisé de magnifiques photos à l’atelier de la rue de la Clé pendant que je travaillais cette série de « Fax ».

FAX 1990

FAX 44 – 1990

Exposition de dessins à la Commanderie des Templiers d’Élancourt

Du 12 décembre 2012 au 17 mars 2013, se tient, à la Commanderie des Templiers d’Élancourt, Saint-Quentin-en-Yvelines, une grande exposition dont l’ambition est de présenter les principales tendances du dessin contemporain : Dessin(s). 274 œuvres de 91 artistes vivants, souvent jeunes, y sont exposées.

Très naturellement, une section y est consacrée au dessin numérique, avec quatre œuvres récentes de Gilles Guias. Deux d’entre elles, pérennes, utilisent la liseuse Booken Cybook, une autre, éphémère, est réalisée sur une ardoise magique électronique Improv Electronics Boogie Board. La dernière montre un dessin sur une feuille de papier électronique (e-paper) isolée, avec sa nappe d’alimentation et de contrôle, comme pour révéler l’envers du décor et faire prendre conscience au spectateur la nature du dispositif technique mis en œuvre.
Il est vrai que, au premier abord, un dessin électronique encadré ressemble singulièrement aux productions traditionnelles, tenant simultanément de la gravure à la pointe sèche et de la peinture sous verre. Ce qui en fait l’originalité, c’est son mode de distribution et de restitution. Ultime étape dans un long processus de démultiplication de l’œuvre graphique, le dessin électronique démocratise l’accès à des œuvres d’art de qualité en exploitant l’immense potentiel offert par Internet et les liseuses électroniques.
L’exposition Dessin(s) ne pouvait pas faire l’impasse sur cette technologie qui va révolutionner la production, la distribution et l’accès à l’art contemporain, permettant, après de nombreux siècles d’élitisme, de recréer la proximité depuis longtemps perdue entre le créateur et l’immensité du nombre des consommateurs potentiels de ses œuvres.